hands-putting-puzzle-pieces-together_23-2147513390De même que l’Etat s’est beaucoup investi pour promouvoir l’auto entreprenariat, de même il pourrait promouvoir ce modèle de l’entrepreneurship coopératif et lui préparer le terrain, tant au plan législatif et fiscal qu’au plan des aides de toute nature à lui apporter (formation, coaching, plateformes d’information…).
L’auto entreprenariat s’est beaucoup développé mais les auto-entrepreneurs, dans leur grande majorité, n’arrivent pas à vivre décemment de leur activité. La coopérative entreprenariale, c’est-à-dire inspirée de l’esprit d’entrepreneurship coopératif, c’est l’auto entreprenariat + la solidarité et la compétence du groupe et donc la garantie d’une meilleure sécurisation pour le travailleur.
Le modèle qui m’intéresse ici est celui des coopératives de travailleurs, plus particulièrement la C.O.P, Coopérative Ouvrière de Production (pas d’affolement, le terme ouvrier désigne simplement le travailleur, l’employé. Il faut d’ailleurs trouver une autre désignation). Toutes les informations que je partage avec vous ici sont issues du « Manuel 2004 sur les coopératives » de l’O.I.T (****).

L’objet principal des coopératives de travailleurs est de créer des emplois pour les membres. Dans une COP, les membres sont à la fois les co-propriétaires, les gérants et les employés de la coopérative dont le but est de produire des biens et/ou des services. Les salariés décident ensemble des grandes orientations et désignent leurs dirigeants (gérant, administrateurs, etc.). Ils décident également du partage de l’excédent. Ils sont par conséquent maîtres du destin de leur entreprise et de la stabilité de leur emploi.
Comment fonctionne cette organisation ?
L’organisation administrative de la coopérative ne pouvait être fondée que sur le principe de la démocratie.
Elle repose sur une participation intégrale, permanente et directe des coopérateurs. En d’autres termes, les membres sont seuls compétents pour gérer et administrer leur entreprise et ils ne partagent leurs pouvoirs avec aucun autre groupe de personnes ni même avec une autorité publique. Par ailleurs, la décision des membres est souveraine dans tous les domaines, notamment ceux liés à l’organisation et à la composition des organes de gestion, l’orientation de la politique de la coopérative, les méthodes de gestion, etc.
Rajoutez par-dessus la notion d’entrepreneurship coopératif, qui se démarque de l’esprit collectiviste en prônant esprit d’initiative, combattivité, goût de l’excellence, esprit de compétition (tourné vers l’extérieur) et vous obtenez un modèle d’entreprise démocratique adaptée au marché capitaliste, dans laquelle les employés travaillent réellement pour eux.
L’Assemblée générale est l’organe souverain de la coopérative. Elle est la source de toute autorité est de tout pouvoir au sein de la coopérative et le lieu d’expression directe de la démocratie coopérative. Elle prend les décisions en dernier ressort. Tous les membres de la coopérative en font partie et ont un droit égal d’y participer et d’y intervenir. Ils sont en quelque sorte les copropriétaires de l’entreprise.
Le droit de vote à l’Assemblée générale suit la règle démocratique : « un membre, une voix ». Cela signifie que tout membre ayant satisfait ses obligations financières à l’égard de la coopérative conformément aux statuts dispose d’une voix et d’une seule.
L’Assemblée générale ne peut à elle seule assurer la conduite de la coopérative. Elle délègue alors généralement une partie de son autorité au Conseil d’administration qui hérite des affaires courantes de la coopérative. Il est composé d’un nombre variable de membres élus par l’Assemblée générale pour une durée déterminée, mais rééligible le plus souvent. Un point important qui caractérise cet organe est son caractère collégial car le Conseil d’Administration ne peut exercer ses pouvoirs que collectivement. Aucun de ses membres ne peut prendre de décision individuellement.
L’Assemblée générale peut aussi élire un Conseil de surveillance et un Directoire au lieu d’un simple Conseil d’administration.
Le commissaire aux comptes représente, pour la totalité des membres, un organe de contrôle des comptes de la coopérative permanent et indépendant du Conseil d’administration. Elu par l’Assemblée générale, il lui présente un rapport et est responsable devant elle.
Même si la coopérative reste différente des entreprises capitalistiques animées par la recherche du profit, la réalisation de son objet social quel qu’il soit nécessite un apport financier.
La structure financière de la coopérative
Le capital social de la coopérative représente la somme des parts sociales souscrites par chaque membre. Il n’existe pas de règle universelle pour le calcul du montant de la part sociale. Il appartient aux membres d’en déterminer la valeur selon leur moyen. Parfois les membres de la coopérative n’ont que de faibles ressources, insuffisantes pour souscrire à une part sociale. Il est alors possible de substituer aux apports en espèce des prestations de travail qui peuvent soit avoir un caractère bénévole ou soit être remboursées en part sociale. Il est à noter que la qualité de membre s’acquiert dès la souscription de parts sociales.
Contrairement à l’action d’une société de capitaux qui représente un placement pour son détenteur, la part sociale d’une coopérative est simplement la contribution que chaque coopérateur apporte aux ressources de la coopérative afin que celle-ci soit en mesure de lui rendre les services bien définis qu’il attend d’elle.
Une coopérative n’est pas créée pour les mêmes raisons qu’une entreprise capitalistique, c’est-à-dire pour faire fructifier les fonds engagés, ce qui fait toute la différence.
Pour certains cette limitation de la rémunération du capital affecte lourdement la gestion de la coopérative, notamment le capital social de la coopérative car elle décourage les membres d’investir dans leur coopérative. Pour d’autres, au contraire, la rémunération de la part sociale est préjudiciable au bon fonctionnement de la coopérative car elle est vue comme une pratique ayant le tort de rémunérer les membres « paresseux » au détriment parfois des membres « actifs ».
La coopérative peut être amenée à devoir emprunter pour pallier l’insuffisance de ses fonds propres. Compte tenu du désir d’indépendance et d’autonomie de la coopérative, l’emprunt auprès des membres est préférable.
A noter que le plus souvent, la responsabilité financière des membres n’est engagée qu’à hauteur des parts sociales souscrites. Par conséquent, les biens personnels des membres ne sont pas affectés par les emprunts de la coopérative.
Mais les membres de la coopérative et plus particulièrement certains employés comme le gestionnaire et le commissaire aux comptes de la coopérative doivent constamment garder à l’esprit que la coopérative n’est pas une entreprise comme les autres. Elle présente une nature et un but différent des autres types d’entreprise. Le but ici n’est pas de réaliser le plus gros bénéfice, mais de rendre le meilleur service à ses membres. Un exemple significatif est que dans le cas de la coopérative, on ne devrait pas parler de « profit » mais d’ « excédent ». La différence est de taille. La logique de gestion de la coopérative est donc différente de celle d’une entreprise capitaliste dont le but est de maximiser le profit.

La notion d’entrepreneurship coopératif est fondamentale. Elle est étroitement liée à la viabilité et à la durabilité de l’entreprise coopérative moderne et par voie de conséquence du mouvement coopératif.
Les principales caractéristiques d’un entrepreneur sont en effet :
• sa capacité à créer une entreprise ;
• sa volonté d’être son propre employeur ;
• sa capacité d’être à l’affût des opportunités ;
• son ardeur au travail ;
• sa capacité à s’adapter à un environnement donné.
L’ « entrepreneur coopératif » est animé d’une volonté constante de prendre des initiatives et de s’organiser compte tenu des ressources disponibles pour atteindre des résultats concrets, ce que l’on nomme l’esprit d’entreprise. Pour ce faire, il est primordial que les coopératives financières et non financières aient :
• des structures de gouvernance visionnaires et dynamiques ;
• des ressources humaines qualifiées et compétentes et dévouées ;
• des systèmes de gestion modernes ;
• de nouveaux produits et de nouveaux services ;
• des stratégies de commercialisation efficaces.
Par ailleurs, il est attendu des gestionnaires des coopératives qu’ils possèdent des connaissances approfondies en management et sur les principes et pratiques coopératives, ainsi qu’une écoute et une réponse quant aux intérêts et aux souhaits des membres. Il est également attendu de l’Etat, qu’il établisse une législation incitative, adaptée aux besoins des coopératives

La création d’une coopérative
Constitution du groupe de base : L’idée peut également provenir d’un groupe de personnes désirant travailler ensemble pour la réalisation d’une vision commune.
Une fois le groupe de base formé, il est nécessaire de constituer un fonds de départ car des coûts divers sont associés au démarrage de la coopérative : frais de téléphone, de photocopie, de timbre poste, etc. A l’image des Pionniers de Rochdale, les membres du groupe peuvent cotiser quotidiennement une certaine somme d’argent. En outre, il est utile de se renseigner auprès des autorités locales voire nationales pour une éventuelle assistance en matière de conseil ou de formation, etc. de l’Etat ou d’une ONG.
Les membres doivent ensuite investir du temps pour le bon fonctionnement de la coopérative et détenir les compétences nécessaires en gouvernance, technique, marketing, gestion (ni plus ni moins que dans n’importe quelle entreprise). Et si besoin se former : comme le rappelle le cinquième principe coopératif, l’éducation et la formation des membres sont deux composantes indispensables à la viabilité de toute coopérative.
Une fois que les membres du groupe se sont mis d’accord sur une vision commune et sur les valeurs défendues par leur coopérative, ils doivent alors définir les objectifs de celle-ci. Les objectifs étant déterminés, le groupe doit établir la liste des activités à réaliser pour atteindre les objectifs fixés. Tout ceci permet, à terme, d’obtenir le résultat souhaité par les membres de la coopérative.
Le plan opérationnel montre comment la coopérative sera dirigée et gérée, comment le produit ou le service sera produit, où la coopérative s’approvisionne, si une assurance ou un permis est nécessaire. Le plan doit aussi indiquer les responsabilités de chacun au sein de la coopérative.

Le démarrage de la coopérative :
A ce stade de la création de la coopérative, il ne reste plus aux membres qu’à sélectionner et recruter les employés, prioritairement eux-mêmes cela va de soi, organiser un programme de formation professionnelle à leur égard, et enfin démarrer les activités de la coopérative. Ce point est crucial. C’est ce qui distingue l’esprit coopératif de l’esprit capitaliste. D’après le 5ème principe :
« Les coopératives fournissent à leurs membres, leurs dirigeants élus, leurs gestionnaires et leurs employés, l’éducation et la formation requises pour pouvoir contribuer effectivement au développement de leur coopérative. Elles informent le grand public, en particulier les jeunes et les leaders d’opinion, sur la nature et les avantages de la coopération »
Au préalable, la coopérative doit connaître le besoin de ses membres et par la suite établir un programme d’éducation et/ou de formation. Bien évidemment, tous les membres ne sont pas obligés de savoir préparer un budget, mais tous devraient comprendre comment fonctionnent le budget et les états financiers. Ils seront alors en mesure d’intervenir efficacement dans les décisions du Conseil d’administration et des Assemblées générales.

Comment promouvoir le développement du modèle coopératif ?
L’Etat peut être amené à fournir quelques services techniques en vue notamment de faciliter la création de coopératives. Dans certains pays, les pouvoirs publics possèdent en leur sein des services actifs chargés exclusivement des coopératives (c’est le cas notamment au Canada). Ces services ont souvent pour fonction de répandre les principes et les règles relatifs aux coopératives, d’aider à la création et à l’organisation de coopératives, d’aider même à leur fonctionnement et à leur gestion en leur apportant les avis, les conseils et le contrôle nécessaire.
La représentation des coopératives au sein de l’appareil étatique est un point important. Etant donné, la variété d’activités qu’assume le mouvement coopératif, il serait préférable qu’il existe dans l’administration un organe spécialement conçu pour promouvoir les intérêts des coopératives.
Enfin, les systèmes d’enseignement et de formation devraient fournir davantage d’informations sur un modèle d’entreprise à même de jouer un rôle dynamique dans la vie des collectivités locales, dans la création de richesses nationales et dans la stabilité internationale.

(***) : L’ O.I.T, Organisation Internationale du Travail

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial

Vous aimez ce site ? Faites le savoir ;-)